Chronologie (1)
- en rouge les éléments de société
- en bleu tous ce qui concernent les lessives
- en vert tous ce qui évoquent les textiles
- en noir: l'histoire de la machine à laver
En Angleterre : roues laveuses, les « Dash-Wheels ». Le savonnage est effectué dans quelques blanchisseries par le ballottement mécanique du linge.
Extraordinaire intérêt de l’Angleterre pour les machines à laver pendant les 20 dernières années du XVIIIème siècle, mais qui se limite comme en France, au traitement industriel des textiles avec, de temps à autre seulement, un « appareil appelé machine à laver pour frotter et fouler les vêtements ». Un modèle anglais mue par manivelle, à tambour rotatif non assorti de l’emploi de la vapeur est peut-être transférable dans le domaine domestique.
L’Amérique se met à rêver d’un engin permettant d’alléger la tâche de la ménagère. Premiers brevets. Les inventeurs s’efforcent d’abord de reproduire le frottement du linge effectué à la main. 225 brevets déposés de 1800 à 1850.
Chaptal demande à Cadet de Vaux de rédiger une brochure de vulgarisation pour le blanchissage à la vapeur : « Instruction populaire sur le blanchissage domestique à la vapeur ».
L’abbé de la Meilleraie adapte la roue anglaise pour son usage. Un demi-tonneau en bois d’orme, monté sur pied, dans lequel vient s’insérer une longue boîte hexagonale percée de trous sur toute sa surface. L’intérieur de la boîte comporte 3 planchettes qui brisent le mouvement imprimé à l’eau. Une manivelle la fait tourner comme une baratte, tantôt dans un sens, tantôt dans l’autre. Trouvant l’exercice fatiguant, il branche son engin sur la chute d’eau d’un moulin.
Un brevet américain montre l’inventeur, John Shull, au travail sur deux cylindres concentriques. La vapeur sert à nettoyer mais elle se forme dans un récipient séparé.
On construit le premier lavoir parisien en terres fermes, rue de Sèvre. Depuis le premier quart du 17ème siècle il existait des bateaux lavoirs.
Procter & Gamble. William Procter (fabricant de bougies) et James Gamble (fabricant de savons), s’associent et s’attaquent en 1837, à l’amélioration de la fabrication du savon à Cincinnatti (Etats-Unis), en faisant bouillir des débris de graisse et de la cendre de bois. Par inadvertance, un ouvrier laisse bouillir trop longtemps… Le savon qui sort de la cuve contient des bulles d’air. Il flotte et enthousiasme les consommateurs !
Selon Michelet, c’est une période de grande acquisition de linge de coton par les ménages pauvres.
On peut lire dans le compte-rendu de l’Exposition des produits de l’industrie de 1844, publié le 18 mai 1844 dans « L’Illustration » : « Nous avons vu une machine à battre, ou plutôt à comprimer le linge. Pauvres blanchisseuses ! ».
Une machine commercialisable en Amérique, modèle dont les origines remontent au XVIIIème siècle et qui reste en vente jusqu’en 1927 (on la trouve dans le catalogue de la Montgomery Ward de 1927 sous le nom de Our Famous Old Faithful, « notre célèbre vieux serviteur »). C’est une machine lourde et encombrante mue par des manivelles, roues, leviers, poids. Le dispositif consiste à mettre en mouvement un système de balancier frottant et pressant le linge sur la paroi inférieure d’un bac, comme la main d’une blanchisseuse frottant son linge sur une blanche à laver.
La lavandière belge ou flamande que l’on peut faire construire à peu de frais par un tonnelier. Il s’agit d’un tonneau posé verticalement, contenant environ un hectolitre et demi, et défoncé par un de ses bouts. Le fond enlevé est remplacé par un couvercle que traverse dans le milieu un long bâton droit. De distance en distance ce bâton porte des échelons comme un bâton de perroquet. La partie supérieure du bâton est saillante d’environ 50 cm au dessus du couvercle et se termine par une poignée horizontale.
On met le linge dans le tonneau rempli d’eau de savon bouillante, on remet le couvercle, on agite vivement le bâton par un mouvement rapide de va-et-vient pendant dix minutes. Le linge ainsi retourné dans tous les sens dans l’eau de savon très chaude se nettoie parfaitement. On laisse tremper jusqu’à ce que l’eau de lessive soit refroidie ; puis, après avoir vidé le tonneau, on le remplit d’eau fraîche, et l’on agite à nouveau le linge dans l’eau. (G. Bélèze, Dictionnaire Universel de la Vie pratique à la Ville et à la Campagne, Hachette, 1859, quatrième édition 1873)
La progression du niveau de vie et l’amélioration de l’hygiène entraînent une demande plus forte de textiles, de savon et d’alcali. Début d’une période particulièrement riche en inventions (en France comme aux Etats-Unis).
Aux USA, le système proposé par James T. King (inspiré de celui de John Shull) l’emporte sur les autres. Cette machine à tambour marque le début du lavage automatique mais l’idée existait déjà depuis fort longtemps.
L’inventeur annonce : « dans nos machines, le linge est alternativement plongé dans la vapeur et dans la mousse de savon, la première a pour but d’ouvrir les fibres et la seconde d’enlever la crasse. Par conséquent, plus besoin de frotter, de fouler ou d’agiter le linge pour le nettoyer ».
Pour Rouget de Lisle, petit fils du compositeur de la Marseillaise, la machine à laver représente l’avenir : « Pour en rendre l’usage général il faudra que la construction soit très simple, peu embarrassante, facile à faire marcher et surtout d’un prix d’achat très bas, mis à la portée de toutes les bourses ».
Aux USA, on commence à parler d’une industrie de la machine à laver. Progression modeste mais croissante. Nombreux brevets d’essoreuses à rouleaux.
L’industriel belge Ernest Solvay (1838-1922) met au point une méthode plus économique et supérieure à celle de Leblanc pour obtenir de la soude artificielle, en faisant nager du gaz carbonique sur une solution de chlorure de sodium saturée en ammoniac et en décomposant par la chaleur le bicarbonate de soude ainsi obtenu.
Les alcalis Solvay prennent le relais à partir du milieu des années 1870.
Selon S. Giedion, « Si l’on recherche la date de création du type [de machines] qui, avec l’avènement de la propulsion électrique, investit l’activité domestique, il faut prendre cette liste chronologique à la fin, c’est-à-dire à 1869. Le corps de cette machine est cylindrique avec un léger rétrécissement vers le haut. Une turbine à quatre pales, située à la partie inférieure du bac, propulse un fort jet d’eau dans le linge. » Appareil bien conçu mais dont la réalisation devait se faire attendre. Le type vertical à agitateur devient la machine à laver non automatique la plus employée à la maison.
Au moment où l’on compte presque 2000 brevets de machines à laver aux Etats-Unis, Catherine Beecher ne recommande pas un modèle plus qu’un autre mais suggère que les familles se groupent par douzaines pour partager une blanchisserie de quartier selon le système mis au point dans la France et l’Angleterre ouvrières des années 1850 : « Quel soulagement ce serait pour la ménagère américaine de voir disparaître de son calendrier le jour de lavage et de repassage (…) Celui qui instaurera les blanchisseries de quartier contribuera grandement à résoudre le problème le plus aigu de la ménagère américaine ».
Guerre. Défaite et chute de Napoléon III. Selon Marie-Cécile Riffault « Après la défaite de 1870, la santé publique est l’un des éléments du relèvement de la France. Jardins ouvriers, HBM ‘ancêtre des (HLM), lavoirs, bains douches sont, à l’image des sociétés de gymnastique, traités comme des œuvres patriotiques. Cependant l’entretien du linge des milieux modestes ne trouve de solution ni à l’intérieur du petit logement ni dans l’équipements collectifs. »
Aux Etats-Unis, la fabrication des machines à laver double, surtout en raison de l’expansion spectaculaire des blanchisseries commerciales à vapeur. La machine à laver à tambour est la plus populaire et se perfectionne dans les années 1880 avec un tambour intérieur en tôle percée de trous.
Dans les années 1870 naît l’idée d’expulser une certaine partie de l’eau de lavage et de rinçage hors du panier en utilisant la force centrifuge, puis de la remettre en circulation par un système de pompe et de la faire de nouveau passer du bac dans le panier.
Pour le lavage et l’essorage, il faut un moteur à deux vitesses. Aux Etats-Unis, mise au point d’un moteur à deux régimes, bas pour le lavage, haut pour l’essorage, le changement de régime se fait à la main (brevet américain du 20 mai 1879). Il est industrialisé tardivement.
Depuis 1850, des brevets sont pris pour des appareils de lavage mécanique à manivelle et en 1881, celui déposé par Decoudun définit le principe de lavage du linge en machine : « On comprend aisément qu’avec un mécanisme propre à communiquer à la caisse un mouvement de va-et-vient, le linge qui y aura été placé sera à chaque pulsation précipité du haut de cette caisse dans l’eau savonneuse chaude, que les chutes rapidement répétées déterminent en quelques minutes un brassage parfait sans mêler ni rouler le linge et, avec un peu d’effort, puisque l’eau retournait toujours dans l’auge par le fond à claire-voie, n’a pas besoin d’être enlevée et elle est cependant en grande quantité dans la caisse au moment de la chute du linge. »
Enregistrement d’une demande de brevet américain (délivré en 1890) qui annonce le principe du lave-linge moderne (Bendix) dans la mesure où la machine est munie d’un tambour horizontal à 2 vitesses (lavage et essorage).
William H. Lever (1851-1925) dépose la marque Sunlight. Ouverture de l’usine Lever de Warrington.
Hilaire de Chardonnet présente un mémoire à l’Académie des Sciences intitulé « Sur une matière textile ressemblant à la soie ». C’est le début de la soie artificielle
Création de Port-Sunlight (phalanstère). Lever exporte Sunlight en France en 1888 sous la marque Soleil, premier savon de qualité pure vendu au détail, enveloppé de papier parcheminé et contenu dans un étui en carton.
1889 – Aux Etats-Unis, Nicola Tesla met au point un petit moteur électrique, surtout connu grâce à son association avec la Westinghouse Company. Les machines à laver de ménage sont équipées de manivelles, mais ce dispositif les prépare à l’adjonction d’un moteur.
Présentation à l’Exposition universelle de Paris de la soie artificielle sous le nom de rayonne, appelée bientôt « viscose ».
L’exploitation de brevets existants, souvent d’origine étrangère, permet de combler les retards de l’industrie française. Création en 1893 de la société des Ateliers Thomson – Houston à Paris.
De nombreuses lessiveuses apparaissent sur le marché : la Lessiveuse-savonneuse de Gaston Bozérian, la Lessiveuse –Soleil rotative automatique, l’Express fabriquée par les Etablissements Chauveau conçue pour 12 kg de linge et vendu 38 francs.
Heinrich Kunitz, de Berlin, propose une machine à tambour automatique adaptation domestique du lavage à la vapeur employé dans les usines traitant de très grandes quantités de linge. La chaudière est remplie d’eau jusque vers la partie supérieure et le linge renfermé dans le tambour. On procède au chauffage. La vapeur produite s’accumule dans une sorte de distributeur d’où elle s’échappe obliquement par une fente et vient frapper les aubes du tambour. Celui-ci tourne d’un mouvement rapide et continu, les pièces de linge se frottent l’une sur l’autre, tandis qu’un jet de lessive bouillante, circulant dans le tambour, active le blanchissage et la désinfection.
Premier spot publicitaire pour la lessive Sunlight, par les frères Lumière, moins de 3 ans après leur invention, qui marque le début de la publicité relative au lavage du linge.
Dans le Nord, naissance de la barboteuse (berceuses belges), la première machine à laver sans moteur, de Jean-Rémi Waelkens pour la société Flandria à Wattrelos. Elle emprunte aux outils agricoles la forme de l’abreuvoir.
La Société des Inventions Economiques, propose une nouvelle machine à laver (lessiveuse et son chauffe-eau) en bois fruitier avec intérieur en zinc galvanisé. Le linge est lavé par simple ballottement, en faisant rapidement basculer la cuve grâce à un levier manœuvré d’avant en arrière. Machine brevetée en France et à l’étranger.
On met au point le procédé de fabrication industrielle de l’eau de Javel grâce à Cotelle et Foucher, propriétaire de la marque La Croix.
Les lessiveuses généralisent l’utilisation de cristaux de soude et des lessives composées. Pour primitifs que soient ces produits, ils assurent une saponification plus complète que les cendres de bois.
Raoul de Saint-Marc, directeur technique d’une blanchisserie bordelaise, met au point la lessive Saint-Marc à la résine de pin des Landes.
Apparition des véritables ancêtres du lave-linge en France et aux Etats-Unis, les machines manuelles à tambour ou à agitateur.
Beaucoup de propositions concernant la machine à laver portent sur des améliorations de la lessiveuse, quant à la forme, la structure et la maniabilité, pour tenir compte de l’exiguïté de l’espace domestique.
Deux problèmes sont perceptibles : la tenue du linge pendant la rotation, le changement de sens alternatif évite l’enroulement du linge et son tassement ; contrôle automatique et passage automatique d’un régime de vitesse de lavage au régime de vitesse d’essorage avec un seul moteur.
Le programmateur existe déjà, mais son usage dans la machine à laver demande une adaptation (vibrations, changement de température…)
Après des études dans le bâtiment, Carl Miele rencontre Reinhard Zinkann en 1898 et s’associent dans la création d’une usine d’écrémeuses (1899). En 1900 ils fabriquent des barattes, puis en 1902 des machines à laver.
Machine à laver Hera de Miele
La machine à laver est devenue un prototype pouvant être lancé comme un objet de consommation pour beaucoup. Pour permettre sa sortie en grand nombre, des encouragements sont donnés par l’Etat qui ouvre, en plein essor industriel, une rubrique consacrée aux machines à laver (on dit alors laveuses) au titre de brevets d’invention déposés à l’Institut National de la Propriété Industrielle (INPI).
Les premières machines sont marquées par de fortes particularités régionales. Au cours des années suivantes on voit apparaître l’importance des demandes étrangères (allemandes et américaines surtout, autrichiennes, suisses, canadiennes) par rapport aux nationales. Leur présence permet à l’industrie française de bénéficier de leur expérience.
La marque Persil (premier détergent à blanchir par l’oxygène grâce à la présence de perborate dans sa formule) est déposée à Marseille par Jules Ronchetti le 22 février. La vente ne débute pas avant 1914. Le lancement national se fera en 1932.
L’Américain Alva J. Fisher construit la première machine à laver électrique.
On emploie désormais un moyen mécanique pour décoller les souillures adhérant fortement aux fibres du linge (essangeage) : on suscite un brusque passage d’eau savonneuse grâce à une ventouse ou à une pompe (appareil à succion). 12 000 ventouses vendues en Amérique en 1907.
Le catalogue Sear Roebuck & Cie offre une gamme nouvelle de machines : « Superba, à roulement à billes ». La même année, le catalogue de la Manufacture française d’armes et de Cycles de Saint-Etienne n’offre que des planches à laver, des baquets-lavoirs et des lessiveuses.
Les moteurs utilisés aux Etats-Unis ne comportent pas de mouvements alternatifs, ce qui est une aberration pour les ménagères françaises qui critiquent l’enroulement du linge. L’essorage centrifuge, dont la vitesse n’est pas optimisée, passe pour user le linge rapidement.
Contrôle automatique : une horloge ou un chronomètre électrique déclenche des électro-aimants ou actionne un mécanisme hydraulique qui ouvre et ferme les valves, connecte ou déconnecte le courant et le tambour (brevet américain).
Christine Frederick, qui étudie de près l’économie domestique aux Etats-Unis écrit dans le « Ladies Home Journal » : « Dans la plupart des familles, la lessive se fait encore sans l’aide de machine à laver, sur une chaudière ordinaire. »
La machine à laver Miele adopte le moteur électrique.
Le changement de régime pour passer du lavage à l’essorage ne présente plus de difficultés. Apparition du moteur électrique à deux vitesses avec changement de régime automatique.
Mouvement d’émancipation des femmes. Les femmes sont de plus en plus salariées.
Première machine à laver électrique française (Speed), présentée à la Foire de Paris.
Premier Salon des Appareils Ménagers. La machine à laver est la reine du Salon. Une douzaine de marques sont présentes : Thomson-Houston, Speed, Lavandière, … des ventouses, cloches ou cônes laveurs.
Lors du Salon, plus de 30 marques sont présentes. Les lessiveuses utilisent le plus souvent le principe du tambour à axe horizontal. Elles se posent sur un foyer ou comportent leur propre foyer (gaz, bois ou charbon).
On trouve la lessive Floréal, la lessive Lacroix, le savon à paillette Mir, la lessive Bonne Maman, Lion Blanc…
Les machines à tambour paraissent seules devoir subsister. On parle de plus en plus d’un lavage « à la française » essentiellement basé sur le lavage à l’eau bouillante.
Le cylindre est maintenant plus souvent fixe que mobile, vertical, à agitateur sous le couvercle ou au fond de la cuve, à oscillation ou à succion. Les machines américaines sont de ce dernier type mais elles ne disposent pas de système de chauffage, suivant le mode de lavage américain.
On prête attention aux essoreuses centrifuges (élimination de l’eau à 80%). Elle sont indépendantes, ou incorporées dans la machine elle-même comme deuxième cuve, mais elles contraignent toujours à transvaser le linge entre le lavage et l’essorage.
Lancement national de Persil. La texture ne convient pas aux lessiveuses et on conseille donc de ne pas les utiliser.
La Tecalemit à cuve verticale est née : le linge est étendu à plat et superposé ; elle assure un essorage par pression.
Première machine à laver vraiment dessinée : la Sears Toperator washer d’Henry Dreyfuss. Elle est décorée d’un fini émaillé marbré de couleur bleu vert et de 3 bandes de métal poli.
Lemercier Frères : lancent une machine à laver bon marché et dotée d’un interrupteur horaire de manière à pouvoir fonctionner la nuit sans intervention de l’usager
Mise au point par la société américaine Dupont de Nemours du Nylon.